mercredi 20 juin 2012

Enfin, les 1000 points !

J'en parlais dans un autre article, je suis un geek assumé de Scrabble.

Le jeu de lettres de Matel-Hasbro est souvent considéré comme un jeu de grand-mère... en vérité il y a moyen de bien s'investir, à un tel point que cela dépasse le stade de jeu de culture générale ou de vocabulaire comme on pourrait croire, pour devenir plutôt un jeu de connaissances finies (après tout la liste des mots autorisés est totalement exhaustive) et d'entraînement "cérébral" pur et simple.

D'où vient cette intérêt pour le Scrabble? Tout simplement de la famille paternelle, dans laquelle mon père et mon oncle sont de fervents joueurs. J'ai également beaucoup joué avec ma belle-grand-mère, qui a elle une connaissance essentiellement cruciverbiste (lui faire comprendre que les symboles chimiques ne sont pas autorisés au Scrabble, ça a mis du temps...).

A l'école secondaire, nous avions pour obligation de choisir une activité extra-scolaire sportive, et une "éducative". Le Scrabble étant dans les options, il est clair que je m'y suis précipité!  J'y ai eu la chance d'avoir un (deux?) ans de cours avec Jean-Pierre Hellebaut, un champion belge des années 1990 (cf. infra).

Aujourd'hui, je suis loin d'avoir la carrure d'un champion, mais toujours est-il que je m'entraîne quand même pas mal. Malheureusement peu contre des joueurs, car je suis souvent contraint de jouer en mode Classique, alors que je lui préfère de loin le mode Duplicate, qui exclut quasiment la dimension "chance" (à part celle de "connaître un mot", donc, mais j'appelle plutôt ça du skill ;) ).

Comme je vous l'avais évoqué dans l'autre article, j'ai la version iPhone du jeu, qui me permet de jouer en duplicate contre un ordinateur 'Hard'. Pour éviter que l'ordinateur ait à chaque fois le top (le meilleur coup possible avec le tirage), des "erreurs aléatoires de comportements" lui sont affectées, mais d'un illogisme total. Peu importe, car parfois l'ordinateur sort des mots de je ne sais où, bien sûr toujours justes (la mise à jour ODS5 a eu lieu, on n'attend plus que la 6 ...), et ces petites erreurs compensent. Et pour couronner le tour le joueur dispose de 4 jokers "meilleur mot", pour être sûr que l'ordinateur soit "battable".

Dans les faits, je gagne une majorité du temps contre l'ordinateur mais le défi n'était pas là : je voulais symboliquement dépasser la limite des 1000 points de partie.  Bon évidemment, en Duplicate, le joueur joue à tous les coups, ce qui rend ce score possible. En effet, à part un vingt-septuple de derrière les fagots, je vois difficilement comment faire 1000 points par joueur en Scrabble classique.

1000 points disais-je, les voici donc, réalisés par mes soins aujourd'hui, dans une partie Duplicate vs. Ordinateur 'Hard', sur Scrabble iPhone :

1006 points exactement... avec rien de bien extraordinaire finalement à part ce nonuple en A1.. un soupir de rage sur le LYS en A10 que j'ai loupé (ok pour "équin", mais sequin, je le connaissais pas celui-là...rha, on en apprend tous les jours!) et le ORNERONT en J8 qui m'a complètement échappé ...
Cela m'a pris environ 300 parties je dirais. De manière quasi systématique, si dans les deux ou trois premiers tours, je n'ai pas un Scrabble ou un très beau coup, je relance la partie. Après un certain temps, si je n'avais pas dans les environs de 500 points à la moitié de la partie, je recommençais aussi.

N'empêche ... 1000 points ça fait 10 points de moyenne par lettre. Bien sûr dans la partie ci-dessus, le nonuple (AVALERAS, 158 points, en A1) aide énormément, ainsi que les lettres "réutilisées" comme je les appelle (le X pour moi a compté 6 fois : BOX, pas repris sur la grille car non top, et VAUX).

Si j'en crois les résultats de Scrabble francophone en Belgique, le record toute compétition confondues est de 1117 points, alors considérant que j'ai raté (et bien !, oui j'ai honte) le ORNERONT en J8, j'aurais pu vraiment m'en approcher !

Le "RI" du dernier coup (en 14M) manque dans cette liste, qui est automatiquement remise à zéro quand la partie est finie.. (et que j'ai dû capturer avant, donc..)
 
Bon évidemment, les champions, eux, n'ont pas un système de pioche de lettres qui parfois me semble un peu trop consensuel (le bazar me tape quasiment un Scrabble sur la réglette, parfois) ni des coups jokers, mais bon ... on est fier comme on peut hein !

Prochaine étape, poursuivre l'entraînement, finir mon projet de base de données des mots "intéressants souvent rencontrés" (QIN, JALE, HADJ, ZEK, etc.), et qui sait, peut-être un jour m'inscrire la fleur au fusil, à une compétition quelconque ? :)

jeudi 14 juin 2012

Retrogaming : Ultima VII - The Black Gate + Forge of Virtue

Retrogaming?

Le retrogaming est au jeu vidéo ce que le "vintage" est à la mode : de la même manière que porter la vieille jaquette de l'oncle Paul fait très tendance, on n'a plus peur aujourd'hui de ressortir un jeu vidéo qui a 20 ans, et de parler de son enthousiasme à son égard.   Enfin "plus peur", c'est vite dit, vu la réaction de certains à la vue de ce qu'il convient d'appeler une bouillie de pixels sur un timbre-poste (je reviendrai là-dessus), toujours est-il que quand il est associé à un fort parfum de nostalgie par rapport à un produit que l'on a connu plus jeune, le retrogaming, j'approuve !

Les Polonais de CDProjekt, le studio qui a réalisé les excellents jeux de rôle The Witcher 1 et 2, a créé un portail spécial retro-gaming : www.gog.com  (qui à l'origine était un acronyme pour Good Old Games, mais ils prennent leur distance par rapport à cela car voulant étendre leurs produits à des jeux indépendants récents, façon Steam).


En ces temps un peu troubles pour le jeu vidéo en ce qui me concerne (je tâcherai de revenir plus tard sur ma motivation très moyenne concernant Diablo 3, par exemple...), je reçois un e-mail m'avertissant d'une promotion chez GoG : Ultima VII + son extension + Ultima VII part Two : The Serpent Isle (la suite, totalement indépendante) + son extension, le tout pour l'équivalent de 2,5€.

Ultima
 
Pour les plus jeunes, la série Ultima est une référence absolue du jeu de rôle (à part le 8ème épisode qu'on passera sous silence et le 9è aussi en fait, même dans une moindre mesure), que ce soit donc pour les épisodes 1 à 7 ou bien entendu pour sa partie Online, l'un des premiers MMORPG de l'histoire.

Pour ma part j'avais été totalement conquis par Ultima 7 Black Gate (j'avais la version française assez cocasse en vieux françois: "ycelui", "ordoncques" et autre "pertuisane" peuplaient les dialogues) et sa "suite". Des jeux sur lesquels j'avais passé beaucoup de temps à l'époque  - alors hop c'est parti, pour même pas le prix de 2 bières, on s'y replonge !

Alors oui, j'ai les vieilles disquettes tapées sur CD-ROM quelque part dans mes archives, mais la simple perspective de faire tourner ça sur une machine moderne me démotivait...  alors que là, encore une fois chez GoG, un travail fantastique d'adaptation : pas de DRM, DosBox intégrée avec tous les bons paramètres - pour ceux qui y ont joué à l'époque, souvenez-vous des cauchemars de config dans le genre mémoire EMS, les IRQ pour la carte son etc. -, on lance le setup, on installe les 28MB (omg!!) et hop nous voilà dans Britannia.
 
Le package de GoG

Le jeu original était fourni avec une carte en tissu (eh oui !), indispensable pour passer un insidieux mécanisme de protection contre la copie (pour qui ne prenait pas le temps de "photocopier" la carte, ce qui avait un rendu infâme sur les photocopieuses d'il y a 20 ans), qui consistait en de petites questions dans le jeu (et pas au tout début...) sur la géographie du monde, ou sur le contenu d'un manuel lui aussi présent dans la boîte.GoG a tout scanné, tout prévu, ils ont même rédigé une petite feuille avec toutes les questions potentielles et leur réponse.

Ils ont même fourni un scan complet du "Ultima VII Clue Book", que j'avais acheté en son temps et que j'ai retrouvé dans mes archives !  

Bref un excellent travail encore une fois. GoG ne se contente pas de packager le jeu avec DosBox, ils ont vraiment livré un produit complet.

C'est parti !

Alors première chose, ne rêvons pas : ça pique les yeux. C'est du VGA 640*400 (même pas 480...), avec un moteur à la ramasse qui laggait sur nos ordis de l'époque; ne vous attendez même pas à un monstre de fluidité aujourd'hui - je suppose que si on met trop de puissance dans l'émulateur, les NPCs marchent tellement vite qu'ils sont inclickables ....  Le full screen est tout simplement injouable, l’interpolation sur un écran 16/10 ou 16/9 actuel, ce n'est juste pas possible. J'enfourche mes lunettes, et je passe en mode fenêtre, à mouaaaaa le jeu sur timbre-poste ! 

Bon la précaution oratoire étant prise, envolons-nous pour pas cher dans un bon petit trip nostalgique.

Ultima 7, c'est une évolution scénaristique assez pénible, moi-même je n'ai pas joué aux autres Ultima; je me suis cependant intéressé aux histoires et c'est assez fouillé. On va résumer cela assez simplement : le joueur est l'Avatar, un être qui a une vie de demi-nerd sur Terre, et qui via les "Moongates" peut entrer dans le monde de Britannia où il existe sous la forme de l'Avatar, être de Vertus (*toux*), dirigé par "Lord British", l'alter-ego virtuel de Richard Garriott, auteur déjanté de la série.

Ultima 7, c'est le jeu de rôle qui me fait rêver. Je veux dire : certes les intrigues sont plutôt simplistes, la gestion des persos également, et l'UI est même parfois un peu bordélique, je vous raconte pas ouvrir 8 feuilles de persos et 8 sacs sur l'écran ET devoir cliquer ensuite sur un élément de décor... Mais qu'importe, dans Ultima VII on est LIBRE.  Un peu comme dans un Morrowind, les emmerdes de scaling sur la puissance des monstres en moins.

Ça reste un jeu de rôle classique: un dragon terrassé, des cadavres dénudés à moitié bouffés, et du loot, du loot, du loot!!!! :)

Les villes sont vivantes : il y a des NPCs qui servent à rien et qui bougent partout, ils vont dormir dans leur (basique certes) maison le soir, ils ont des vêtements dans leurs armoires, des bougies, des bouquins dans leurs tables de nuit. On peut TOUT voler. Parfois les gardes ne sont pas très heureux, parfois nos compagnons d'équipe piquent une crise morale, mais n'empêche, c'est grisant. On explore les villes, la quête principale plutôt linéaire (et qui nous balade pas mal) devient presque accessoire. Je m'envole (oui j'ai le tapis volant, non je n'ai pas cheat!), je vais voir cette île là-bas, oh une caverne, j'explore, un vieux cadavre de rat crevé dans un coin qui contient un trognon de pomme, génial ... à côté, heureusement, cachée sous des débris, une petite pépite d'or que je revendrai à la banque de la ville, etc.

Des vêtements, une lampe, et plein de déco "bougeable". J'adore!
 
Et puis je range. Car c'est plus fort que moi :)  J'empile des caisses à l'arrière de mon tapis volant et j'y stocke tout : chain armor chopée sur des brigands facétieux, pièces d'or vilement volées au pauvre paysan pendant que celui-ci est au champ (l'Avatar champion de la Vertu, mon cul!)
Ah et aussi : le monde est constellé d'inscriptions runiques. Les runes sont un alphabet spécial d'Ultima 7 extrêmement proches de l'alphabet runique anglo-saxon historique.. Bien que ce ne soit pas à proprement parler obligatoire pour le jeu, pour en apprécier toute la saveur, apprendre l'alphabet et pouvoir lire couramment le runique est un must !  (je me souvenais encore pratiquement de toutes, ayant utilisé cet alphabet pour communiquer par "petits mots" à l'école, protection maximale contre l'interception du prof (qui n'avait pas Internet ou ce blog pour prendre connaissance du code ;-) )

Pour les non initiés, l'écriteau de la crypte dit : "Within these walls lies Master Richard" - probablement une référence à Richard Garriott .. :)

Forge of Virtue 
 
L'extension Forge of Virtue est sympa, mais très vite torchée. J'aurais quand même relativement peu aimé payer le prix d'un jeu (même réduit) pour une durée aussi courte mais ... une fois finie elle amène toutes les caractéristiques de l'Avatar (c'est-à-dire vous) au maximum et vous donne une épée archi-puissante, qui parle et a des pouvoirs spéciaux genre tuer instantanément un ennemi ou régénération complète du mana.  A faire pas trop tard dans le jeu, mais cela rendra votre personnage absolument surpuissant et surtout vos compagnons d'armes complètement faibles : ils mourront souvent, et s'ils n'avaient pas la caractéristique appréciable de me fournir dans leurs sacs à dos des espaces de rangements supplémentaires pour mes larcins, je m'en serais séparé depuis longtemps - en plus ils vous font lagger sévère !

**spoiler** La "Forge of Virtue" proprement dite, là je suis en train de fabriquer la surpuissante Blacksword **spoiler**
Compagnons d'armes ?

Dans le jeu, on peut se faire suivre par jusqu'à 7 personnages, de vos compagnons déjà présents dans les épisodes précédents de la série (Iolo, Shamino, Dupré, etc.) aux rencontres fortuites (Tseramed le ranger, Spark l'orphelin, etc.).  La gestion de ces personnages est un mini-jeu en soi : ils ont tous leur équipement et leurs stats équivalentes (enfin plus faibles, mais aussi complètes) à ceux de l'Avatar.
Ces compagnons requièrent aussi de la nourriture, et ne manquerons pas de vous le faire savoir (spammers!) au moindre petit creux. Là on approche presque le tamagotchi, avec la nécessité de nourrir fréquemment une équipe sous peine de famine menant à la déchéance voire la mort.

La captivante tâche de nourrir ses compagnons d'armes...

Le transport

Brtiannia made-in-U7 n'est pas très grand. En vérité il se parcourt assez rapidement, et les rencontres dangereuses sur la route sont assez peu nombreuses que pour poser de véritables ennuis. Néanmoins, le jeu propose une foule de moyens alternatifs de transports : 
- La moongate : via l'Orb of the Moons (que vous fournit Lord British) vous pouvez vous téléporter à des endroits déterminés.
- Les Stones of Virtue :  via les sorts Mark et Recall, vous pouvez vous téléporter jusqu'à 8 endroits choisis par vos soins.
- Les moyens de transports personnels: La chariote (peu pratique car il y a beaucoup d'île à visiter), le bateau (déjà mieux mais peu maniable) et surtout, surtout, le TAPIS VOLANT !

Le fameux tapis volant, déjà bien chargé de caisses à loot !

Le tapis volant est à lui seul le symbole d'Ultima 7 à mes yeux, je me souvenais encore où il se trouvait dans le jeu j'ai à peine dû regarder une carte moderne (cf. ci-dessous) pour accéder à l'endroit où il se trouve.  C'est tout bêtement un carré bleu avec 8 sièges dessus (pour toute votre équipe donc), avec juste assez d'espace à l'arrière pour permettre d'entasser caisses et tonneaux, pour stocker tout le loot que vous n'hésiterez pas à y entreposer.... des encombrantes mais indispensables "blackrock" aux totalement inutiles paquets d'armes magiques ramassées au cours de votre périple, c'est un véritable bonheur de se trimballer avec sa caravane à chaque fois :)

La quête principale
(spoilers - passez ce chapitre si vous voulez vous réserver tout le suspense (hum))
The Black Gate - La Porte Noire - est le portail que va utiliser The Guardian, l'entité démoniaque qui veut détruire Britannia. Il faut l'empêcher de faire, et cela se passe par la traque d'Elizabeth et Abraham (quiconque a joué à Ultima 7 se souviendra de ces anguilles qui sont désespérément une ville / île en avance sur vous dans le périple), des membres de la Fellowship (Confrérie), une organisation un peu sectaire qui s'est implémentée partout dans le monde, et qui semble ne pas être très nette.

*spoiler** Font moins les malins hein !  **spoiler **

Leur chef Batlin, d'ailleurs, est l'antagoniste de la suite The Serpent Isle (rha je me souviens encore par coeur du speech d'intro)
Le jeu propose une foule de "sub-plots", des quêtes secondaires absolument pas obligatoires mais assez sympas au niveau scénaristique (le sale gamin de Paws, la lunette téléscopique de Moonglow, etc.). La trame principale consiste donc à suivre la trace de la Fellowship et de leurs sombres agissements, tout en empêchant le Guardian de perturber la magie sur Britannia.

Et pour finir de lui exclure définitivement tout moyen d'envahir/détruire ce beau monde !


En conclusion


J'ai passé pas mal de temps sur le jeu, et je l'ai à nouveau fini. S'il n'est pas parfait (comptez quelques freezes de temps à autres, pensez à sauvegarder sur base régulière) et qu'il pique aux yeux, il n'en reste pas moins passionnant et m'a apporté un sentiment incroyable de bonheur du type madeleine de Proust.  Je n'ai pas eu le courage de parcourir le monde au petit bonheur la chance et j'ai bien sûr utilisé un "walkthrough" et le fantastique projet de U7 Google Map (cf. liens utiles)  (je ne l'avais jamais trouvée, cette clef squelette qui permet de tout picklock du premier coup sans la perdre, crénom!), eh bien même avec ça la durée de vie du jeu est vraiment importante, bien plus que la plupart des produits aujourd'hui. Bon bien sûr la moitié du temps est consacrée à réorganiser son loot dans ses sacs & coffres, mais ça fait partie du jeu !

A moi la Part Two : The Serpent Isle !

Liens utiles


Et pour finir, quelques screenshots supplémentaires en vrac :

Oui c'est bien cela une Iron Maiden, ça pique!

Plus de 16 ans avant l'extension WoW parlant elle aussi d'un "Roi Liche", Ultima le mentionnait déjà ! :)


Le Cube Generator, probablement la plus frustrante partie de tout le jeu. Sans walkthrough (et même avec) vous allez mourir. Beaucoup.